Rares sont les patriciens qui parviennent à traiter la cystite interstitielle. Ruth Kriz en fait partie.
Ruth Kriz est infirmière. Cela fait 35 ans qu’elle traite des patients souffrant de problèmes urinaires chroniques. Son intérêt pour les infections urinaires chroniques et la cystite interstitielle (CI) lui vient de son expérience personnelle.
Beaucoup de personnes nous questionnent sur l’approche de Ruth Kriz pour traiter les infections urinaires récurrentes et la cystite interstitielle. Ainsi, nous avons longuement échangé avec elle et certains de ses patients. Dans cet article, nous partageons avec vous ce que nous avons appris au cours de ces conversation
Raccourcis
- Le combat de Ruth contre la cystite interstitielle >>>>
- Le lien entre infection chronique et cystite interstitielle >>>>
- Comment Ruth diagnostique une infection urinaire chronique et une cystite interstitielle>>>>
- Comment Ruth traite l’infection urinaire chronique et la cystite interstitielle >>>>
- Peut-on traiter une infection de la vessie qui résiste aux antibiotiques ? >>>>
- Le traitement efficace d’une cystite interstitielle >>>>>
Le combat de Ruth contre la cystite interstitielle
Bien que l’histoire de Ruth avec la cystite interstitielle remonte à plus de 35 ans, peu de choses ont changé dans le processus de diagnostic.
« Bien souvent, quand on fait soi-même face à un problème, on veut d’autant plus le résoudre. J’ai développé une cystite interstitielle et une première infection urinaire vers mes trente ans. J’ai suivi le processus de traitement de base ; ECBU et antibiotiques. Et le corps médical m’a laissé en plan. » |
Après avoir développé des symptômes dans les voies urinaires au début de la trentaine, Ruth a passé plusieurs ECBU et pris différents antibiotiques.
Après un certain nombre d’ECBU négatifs, aucune infection n’a été détectée chez elle, malgré ses symptômes persistants. Les médecins lui ont détecté une cystite interstitielle, sans lui donner d’autres indications. Le traitement de la cystite interstitielle était sommaire ; la seule solution était de prendre en charge les symptômes.
En tant qu’infirmière praticienne spécialisée, Ruth avait l’avantage d’être en contact avec des chercheurs qui travaillaient sur de nouvelles techniques de culture. Avec leur soutien, elle a pu commencer à identifier les infections dans sa propre vessie afin de les traiter.
Cette manière de traiter la cystite interstitielle a si bien fonctionné pour Ruth, qu’en 25 ans, elle n’a pas eu d’autre infection urinaire. Désormais, personnes dans la même situation, qui ont été abandonné par le corps médical.
« On m’a dit que je n’avais pas d’infection urinaire puisque mes ECBU étaient négatifs. On m’a ensuite diagnostiqué une cystite interstitielle, mais mes ECBU étaient parfois positifs lors d’une crise aiguë. J’ai fini par chercher de meilleures méthodes de test et j’ai découvert que j’avais probablement une infection installée depuis le début de mes symptômes. Je suis en train de guérir, grâce à un traitement adapté. Au final, je suis contente de ne pas avoir accepté mon premier diagnostic. » |
Le lien entre infection chronique et cystite interstitielle
La cystite interstitielle est un diagnostic d’exclusion, ce n’est pas une nouvelle. Des cas de cystite interstitielle ont été enregistrés dans les années 1800, avant l’invention des antibiotiques.
Le diagnostic d’une cystite interstitielle est établi une fois que d’autres problèmes potentiels ont été éliminés. Cela signifie également que l’infection doit être exclue à l’aide d’un ECBU classique.
Le problème est que nous savons maintenant que les ECBU sont hautement imprécis. En fait, dans presque 50 % des tests, les résultats sont incorrects.
Beaucoup de personnes souffrant d’infections urinaires se sont retrouvées avec des résultats incorrects et étaient en fait de faux négatifs. Par conséquent, elles n’ont pas reçu le bon traitement voire aucun traitement. Vous pouvez lire l’histoire d’Emma, diagnostiquée à tort d’une cystite interstitielle, qui raconte comment elle a su de la cause profonde de ses symptômes
« La cystite interstitielle est devenue un diagnostic d’exclusion. Une fois qu’on a écarté le cancer de la vessie, une obstruction ou un problème fonctionnel, et que les résultats d’ECBU sont négatifs, alors le diagnostic de cette étrange maladie tombe. Ainsi, la limite entre infections urinaires chroniques et cystite interstitielle est devenue très floue. » |
Heureusement, de nouvelles techniques ont été développées pour examiner les infections urinaires chroniques. Dans le cas de la cystite interstitielle, c’est le séquençage de l’ADN qui a réussi à détecter une infection chez des milliers de personnes atteintes d’une cystite interstitielle, tandis que les ECBU en étaient incapables.
En effet, il y avait une présence d’infection chez 100 % des patients de Ruth atteints de la cystite interstitielle. Cela signifie que ces personnes auront enfin accès à des traitements contre les infections urinaires chroniques et la cystite interstitielle, et une chance de guérison.
« Après 11 ans de symptômes urinaires chroniques et six ans de douleur chronique, j’ai commencé à faire des analyses d’urine. Au début, je voulais qu’elles soient bonnes. Après, ça a été le contraire. Je savais que si on trouvait quelque chose, ça serait traité. Donc ça me donnait de l’espoir. » |
Si on vous a diagnostiqué une cystite interstitielle après des ECBU négatifs, vous avez maintenant l’occasion de faire réévaluer votre diagnostic.
Comment une infection urinaire se transforme-t-elle en cystite interstitielle ?
Une étude a démontré que 74 % des femmes atteintes de cystites interstitielles ont déjà fait des infections urinaires récurrentes.
« Quand j’ai une infection urinaire, je prends des antibiotiques et les symptômes disparaissent. Puis, des semaines ou des mois plus tard, une autre infection surgit. Alors, je prends à nouveau des antibiotiques et des symptômes disparaissent… On prend les mêmes et on recommence. Les symptômes revenaient toujours donc on a fini par me diagnostiquer une cystite interstitielle. » |
Que se passe-t-il exactement dans la vessie ? Pourquoi les antibiotiques contre les infections urinaires ne fonctionnent-ils pas et pourquoi les infections urinaires récurrentes peuvent-elles amener à un diagnostic de cystite interstitielle ?
On a une réponse pour vous, voyons cela de plus près.
L’Infection chronique incrustée
Ce que vous prenez pour une infection urinaire ou une cystite interstitielle est possiblement causé par une infection permanente sur votre paroi vésicale, qui ne disparaît jamais complètement.
Les symptômes disparaissent et reviennent, ou sont constamment présents. Chaque personne est différente.
Une infection chronique et incrustée comme celle-ci est due à la présence d’un biofilm et/ou d’agents pathogènes vivant sur votre paroi vésicale.
« Dans le cas d’une infection urinaire chronique, un biofilm peut être défini comme une colonie de bactéries : elles se regroupent et se collent à la paroi de la vessie. Ces bactéries produisent un film protecteur qui les isole des antibiotiques et des attaques du système immunitaire. » |
Votre corps évacue naturellement les agents pathogènes flottant librement dans votre urine. Mais les biofilms et les agents pathogènes à l’intérieur de la paroi de la vessie restent intacts…
Les biofilms et les communautés intracellulaires compliquent le diagnostic et le traitement.
Lorsqu’un biofilm ou une communauté intracellulaire est détectée, le corps a tendance à arracher des morceaux de paroi vésicale, dans le but de débarrasser la vessie de ces agents pathogènes tenaces.
Beaucoup de gens parlent des petits morceaux de papier de soie dans leur urine. Il est probable que ces morceaux soient en fait de petits bouts de paroi vésicale. C’est-à-dire que votre corps essaie d’éliminer l’infection, c’est qui est une bonne chose.
« Parfois, après avoir uriné, je vois des petits morceaux blancs qui flottent dans la cuvette des toilettes. Ils apparaissent généralement quand mes symptômes sont au plus haut. Avant, je ne comprenais pas pourquoi j’éliminai des bouts d’appareil urinaire par mon urine, mais maintenant ça prend tout son sens. » |
Le phénomène du biofilm s’inscrit dans un cycle de symptômes. À son apparition, les symptômes sont d’abord aigus, puis s’atténuent ou disparaissent.
C’est dû au fait que des bactéries ou d’autres agents pathogènes sont périodiquement libérés ou s’échappent du biofilm, provoquant une réponse inflammatoire qui accentue les symptômes d’une infection urinaire.
Pour les personnes souffrant d’une cystite interstitielle, ces périodes s’apparentent à des poussées, ou à une « véritable infection urinaire en plus de la cystite interstitielle ».
Si une infection chronique est à l’origine de vos symptômes, le traitement pour la cystite interstitielle semble préférable à un traitement des symptômes seuls.
Existe-t-il des tests pour détecter des biofilms ou des infections urinaires chroniques ?
Bien qu’un biofilm reste intact, il s’avère difficile à détecter. Si le biofilm se rompt ou que le corps se débarrasse des cellules de la paroi vésicale, ces résidus de biofilm se retrouvent dans l’urine.
Il faut savoir qu’il est difficile d’identifier les agents pathogènes d’un biofilms à l’aide d’un simple ECBU, et ce même quand des morceaux du biofilm sont dans l’échantillon. La culture repose sur la multiplication rapide de bactéries. Or, au sein d’un biofilm, les bactéries ne sont généralement pas en phase de croissance.
Grâce à certaines techniques de séquençage de l’ADN (comme celles qu’utilise Ruth), on est en mesure d’identifier les agents pathogènes d’un biofilm contenus dans un échantillon d’urine. C’est dû au fait que le séquençage de l’ADN n’implique aucune croissance bactérienne. Au lieu de cela, l’échantillon d’ADN est comparé à une base de données de micro-organismes.
Grâce à ce procédé, Ruth peut plus précisément définir une approche globale pour traiter la cystite interstitielle.
« Ces types de germes aiment vivre en communauté. Les biofilms sont comme des immeubles d’appartements. Et à chaque crise chronique, d’autres résidents viennent emménager dans ces immeubles. Et ils aiment s’entraider, ils vivent en synergie. On pourrait comparer cela à une pelote de laine. Il faut tirer sur le fil afin de démêler tous les nœuds. » |
Dépister les infections urinaires chroniques et la cystite interstitielle : quelle est l’approche de Ruth ?
Jusqu’en 2015, Ruth utilisait une technique de bouillon de culture à partir de soja. Ce procédé avait la capacité d’identifier de nombreuses infections qui ne sont pas identifiables avec un simple ECBU.
À mesure que la science évoluait, les méthodes de séquençage de l’ADN sont devenues facilement accessibles. Ruth utilise actuellement différents types de séquençage de l’ADN, dont les suivants : les tests de sensibilité aux antibiotiques polymicrobiens par Pathnostics, le séquençage métagénomique profond par Aperiomics et le séquençage de nouvelle génération par MicroGenDX.
Le séquençage de l’ADN a la capacité d’identifier des agents pathogènes connus, sans avoir à s’appuyer sur des méthodes de culture défectueuses. Grâce à ces techniques de séquençage, Ruth a obtenu des résultats que le procédé de bouillon de culture ne lui permettait pas d’avoir.
Le séquençage de l’ADN a permis à Ruth de déceler une multitude d’infections bactériennes chez ses patients souffrant d’infections urinaires chroniques et d’une cystite interstitielle. Environ 15 % d’entre eux présentent également des infections fongiques dans les voies urinaires.
« Cela fait quatre ans que je teste mes patients à l’aide du séquençage de l’ADN. Je peux vous dire que j’ai identifié une infection dans 100% des patients ayant reçu un diagnostic de cystite interstitielle. La totalité de nos patients souffrant d’une cystite présentait une infection urinaire. » |
C’est une bonne nouvelle pour les personnes ayant reçu un diagnostic de cystique interstitielle suite à un ECBU négatif.
En effet, beaucoup de personnes obtiennent des résultats négatifs, malgré des symptômes tels que des douleurs pelviennes, l’urgence urinaire, la fréquence urinaire, des sensations de brûlure pendant la miction et une présence de cellules de la paroi vésicale dans l’urine.
« Nous avons une expression en anglais qui résume bien la situation : ce qui ressemble à un canard, marche comme un canard et cancane comme un canard… est forcément un canard. Vous avez en face de vous une personne qui décrit des douleurs à la vessie ou à l’urètre, des envies fréquentes d’uriner, des urgences mictionnelles et des brûlures. Malgré ces symptômes, son ECBU est négatif. Qui décidez-vous de croire ? Soignez-vous un ECBU ou une personne ? » |
La technologie a beaucoup évolué, ce qui permet aujourd’hui à de nombreuses personnes d’avoir un diagnostic correct et un traitement efficace contre la cystite interstitielle.
Comment préparer un échantillon d’urine pour un test approfondi ?
Afin de définir le bon traitement de la cystite interstitielle, il faut d’abord examiner ce qui se passe dans la vessie. Cela passe par la préparation d’un échantillon d’urine.
Des études ont montré qu’il est très difficile, voire impossible, de prélever un échantillon d’urine libre de toute cellule de peau environnante, à moins d’utiliser une sonde ou autre méthode invasive. Ces méthodes invasives ne sont pas toujours accessibles, ni souhaitées. Nous avons donc listé quelques conseils afin de bien collecter un échantillon d’urine pour divers types de tests. Ruth nous partage également ses propres recommandations.
Le niveau de dilution ou de concentration de votre échantillon d’urine va avoir un impact sur la précision de vos résultats. Voilà ce que Ruth préconise :
- Urinez sans prélever d’échantillon, et essayez d’arrêter et de reprendre la miction à plusieurs reprises, afin d’éliminer tout contaminant présent dans l’urètre.
- Attendez 1 à 2 heures avant de boire.
- Lavez la peau autour de l’urètre à l’eau savonneuse. Évitez les lingettes intimes et celles contenant de l’alcool. Les produits chimiques contenus dans les lingettes peuvent se retrouver dans votre échantillon et tuer les bactéries que l’on souhaite analyser.
- Prélevez un échantillon d’urine à mi-jet, à un volume conforme aux instructions fournies dans le kit.
Si vos symptômes sont au plus haut et qu’uriner toutes les deux heures n’est pas assez pour vous, vous pouvez commencer à l’étape 3.
Conseil de Ruth s’adressant à toutes les femmes : urinez toutes les trois heures lorsque vous êtes éveillées. Trois heures, c’est le temps qu’il faut aux bactéries pour remonter les voies urinaires et commencer à peupler l’urètre.
Comment Ruth traite l’infection urinaire chronique et la cystite interstitielle
Grâce à son approche du traitement de la cystite interstitielle, Ruth a atteint un taux de succès d’environ 80 %. Elle s’aligne avec les quelques autres spécialistes des infections urinaires chroniques dans le monde.
Traiter une infection urinaire chronique ou une cystite interstitielle peut prendre du temps. Et plus le problème persiste, plus il a d’éléments à prendre en compte niveau santé.
« Mon objectif premier avec chacune de mes patientes, c’est de les débarrasser de leurs douleurs. Mais au lieu de simplement maîtriser cette douleur, je cherche à en découvrir les causes profondes pour mieux y remédier. Après tout, si on ne traite que les symptômes de la patiente, on ne la soigne pas complètement. Les tests MicroGenDX, Pathnostics and Aperiomics aident à identifier les problèmes sous-jacents afin que je puisse les résoudre. » |
Pour traiter la cystite interstitielle, Ruth recommande en premier lieu la prise d’antibiotiques et d’antifongiques par voie orale. Ce traitement s’est avéré efficace pour beaucoup de gens.
Certaines patientes peuvent choisir le traitement par instillations vésicales, surtout si l’infection est profondément incrustée dans la vessie. Ce type de traitement est aussi indiqué chez ceux qui ne peuvent pas prendre d’antibiotiques par voie orale (agents pathogènes résistants aux antibiotiques, détérioration de la santé intestinale, etc.).
Dans ce cas, Ruth sera en mesure de travailler avec un pharmacien préparateur pour développer une formule exacte pour l’instillation et la mettre en place dans la vessie via une sonde. L’instillation vésicale peut contenir des antibiotiques et/ou des antifongiques, souvent associés à un dissolvant de biofilm.
Les dissolvants de biofilms ou médicaments anti-biofilms
Les anti-biofilm recommandés par Ruth contiennent des enzymes qui décomposent les biofilms. Ils aident également à éliminer les métaux lourds qui renforcent la structure du biofilm. En bref, le biofilm est désintégré à mesure qu’il perd son équilibre structurel.
Il convient de préciser que l’efficacité des anti-biofilm dans la vessie n’a pas encore été testée. Les effets de certains composés spécifiques ont été démontrés dans d’autres contextes, et à l’extérieur du corps.
Les patients qui prennent des anti-biofilms évoquent parfois une poussée des symptômes, ce qui peut vouloir dire que le traitement fonctionne comme prévu.
Où peut-on se procurer des médicaments contre les infections urinaires chroniques ?
Après avoir mis fin à son activité d’infirmière en pratique avancée, Ruth travaille de plusieurs façons afin de partager ses connaissances. D’abord, elle forme d’autres praticiens à son approche du traitement pour la cystite à eau claire.
Puis, elle a travaillé avec nous afin de vérifier que les médicaments qu’elle recommande sont tous disponibles en ligne. Nous avons créé une boutique en ligne dédiée à la santé urogénitale féminine.
Vous trouverez une sélection des médicaments recommandés par Ruth chez Femologist. Toute aide à la vente soutient le travail qui nous faisons chez Live UTI Free.
Les Instillations vésicales
Les instillations vésicales sont administrées par le patient lui-même, à l’aide d’une très petite sonde pédiatrique pré lubrifiée, généralement deux fois par jour pendant deux semaines.
Le médicament est placé dans la sonde qui est ensuite insérée par l’urètre. Le médicament est instillé dans la vessie et y est « retenu » pour le plus longtemps possible. Beaucoup de personnes le gardent en elles sur toute la nuit.
Si vous souhaitez en parler avec votre propre médecin, vous pouvez télécharger le document explicatif rédigé par Ruth sur les instillations vésicales en tant qu’option de traitement des infections urinaires chroniques.
« Pouvoir combiner des médicaments avec des enzymes qui décomposent les biofilms, et de les inoculer directement dans la vessie sont des atouts qui font de cette méthode de traitement la plus prometteuse de dernières décennies. La sonde peut atteindre l’endroit où se situe l’infection. Elle va donc plus profond. Les personnes qui ont eu recours aux instillations ont tendance à se rétablir plus facilement et plus rapidement. » |
Traitement de la cystite interstitielle en cas de biofilms
« Nous savons qu’en raison de leur génétique, certaines personnes fabriquent plus de biofilms que d’autres, tout comme certaines personnes ont plus de difficulté à éliminer ces biofilms. Nous constatons également que le traitement des biofilms, c’est s’attaquer à la partie visible de l’iceberg et découvrir ensuite un ensemble d’autres problèmes qui étaient invisibles. En effet, ces communautés de biofilm referment une multitude d’agents pathogènes. » |
Que vous preniez vos antibiotiques par voie orale ou par instillation vésicale, Ruth recommande de faire des tests à différents stades du traitement des infections urinaires chroniques et de la cystite interstitielle. Cela permet de savoir si le traitement est toujours efficace contre tous les agents pathogènes identifiés.
Pourquoi ?
Comme une couche du biofilm a été désintégrée, il est possible de trouver de nouveaux micro-organismes en dessous. Si c’est le cas, le traitement devra probablement être mis à jour.
« J’ai pris des antibiotiques par voie orale pendant deux semaines, puis j’ai repassé un test. Les résultats ont révélé la présence d’un autre groupe de possibles pathogènes. Ruth a donc modifié le traitement pour les deux prochaines semaines. Le troisième test a de nouveau montré des changements dans les organismes présents dans ma vessie. Nous avons donc modifié le traitement pour qu’il soit adapté. Grâce aux différents cycles de traitement, mes symptômes se sont atténués. » |
Même si un traitement antibiotique à long terme peut éliminer un biofilm et s’avérer efficace au fil du temps, Ruth a constaté que les dissolvants de biofilm peuvent accélérer le processus de traitement en extirpant les infections incrustées.
« Les organismes au sein d’un biofilm vont s’inhiber mutuellement de manière compétitive. Lorsque vous répétez les tests, dans presque 100 % des cas, on trouve une nouvelle infection par rapport au test initial, car les biofilms se désintègrent peu à peu. » |
Les nouvelles méthodes de test sont capables d’identifier les micro-organismes difficiles à cultiver ; des tests ADN identifient des micro-organismes qui n’avaient jamais été identifiés dans les voies urinaires.
La découverte de nouveaux agents pathogènes urinaires peut amener à un nouveau traitement, ce qui nécessite souvent des recherches approfondies. Ruth est en collaboration avec un pharmacien d’officine pour développer des combinaisons de traitement sur mesure quand ils sont nécessaires.
Peut-on guérir complètement d’un ulcère de Hunner ?
Ruth croit que, comme pour tout type d’ulcère, le corps peut les éliminer lui-même. Ruth compare les ulcères vésicaux de Hunner aux ulcères à l’estomac.
Grâce à la recherche scientifique, nous savons désormais que les ulcères à l’estomac sont principalement causés par la bactérie H. pylori et qu’on peut les soigner en traitant correctement l’infection.
Sur le même principe, Ruth a observé de nombreux patients se débarrasser de leurs ulcères de Hunner une fois leur infection vésicale traitée efficacement. Le rétablissement de certains patients a été documenté par le biais de cystoscopies de suivi. Chez d’autres patients, l’élimination des symptômes a été l’indicateur le plus fort.
Une approche intégrative du traitement de la cystite interstitielle
Lorsqu’on soigne un appareil urinaire qui a été meurtri pendant des années, il ne suffit pas d’identifier les micro-organismes à l’origine de l’infection et de les exterminer. Il faut également s’assurer que le corps et le système immunitaire sont en mesure de se réparer et se rétablir.
« J’ai récemment lu un livre sur la maladie d’Alzheimer qui, pour illustrer les problèmes multifactoriels des maladies chroniques, fait la comparaison suivante : C’est comme avoir 36 trous dans le toit de sa maison. Si on ne répare qu’un trou, la pluie passera par les 35 autres. Je pense que c’est la même chose avec les infections urinaires chroniques et les cystites interstitielles. Les patients ont vu leurs infections devenir chroniques parce que leur système immunitaire ne pouvait plus fonctionner normalement et nous devons découvrir pourquoi. » |
L’analogie des 36 trous dans le toit peut s’appliquer aux personnes souffrant d’infections urinaires chroniques et de cystites interstitielles. Selon Ruth, la plupart des personnes atteintes d’infections urinaires chroniques ou de cystite interstitielle sont susceptibles d’avoir au moins 5 ou 6 autres troubles auxquels faire face.
Cela peut sembler compliqué, comme un problème insoluble, mais la guérison est impossible.
Ruth examine en détail les antécédents médicaux et les symptômes de chaque individu. Elle recommande ensuite une série de tests afin d’identifier les micro-organismes présents. Ensuite, il s’agit de déterminer les problèmes à traiter en priorité.
Le système immunitaire et les infections urinaires chroniques
Toutes les maladies chroniques affaiblissent le système immunitaire. Si vous avez souffert d’une infection urinaire chronique ou d’une cystite interstitielle, votre système immunitaire a pris un coup. En plus des troubles de la vessie, les infections ailleurs dans le corps peuvent impacter négativement la capacité de votre corps à guérir.
Pour cette raison, Ruth recherche d’autres infections dans le corps, en particulier les infections transmises par les tiques et certains virus. Elle constate qu’environ 90 % de ses patients ont une co-infection d’un certain type.
Les éléments suivants peuvent également impacter le système immunitaire : exposition à des métaux lourds ou des toxines de moisissure, douleur chronique, stress surrénalien et fonction thyroïdienne.
Il est nécessaire d’étudier d’autres éléments qui ont également un impact sur votre système immunitaire, afin de contrer l’infection chronique de la vessie.
Sexualité et infections urinaires chroniques
La plupart des praticiens n’envisagent pas la possible implication du partenaire sexuel dans des cas d’infection urinaire chronique. Cependant, il existe des éléments qui prouvent qu’il y a implication du partenaire sexuel.
Si vous êtes soulagée après un traitement contre les infections urinaires, mais que vous faites une poussée de symptômes 24 à 48 heures après un rapport sexuel, il est possible que l’infection vienne de votre partenaire.
Le fait que les hommes soient souvent porteurs de bactéries sans présenter de symptôme (asymptomatiques) est une des raisons pour lesquelles il est difficile de déterminer d’où vient l’infection. Ils peuvent se sentir très bien, tandis que vous souffrez.
Le dépistage de la charge infectieuse chez les hommes peut nécessiter une analyse du sperme en plus ou à la place de l’urine. En effet, les bactéries peuvent provenir de la prostate plutôt que de la vessie.
Le traitement de la prostatite (infection de la prostate) est plus compliqué que le traitement de la cystite (infection de la vessie) parce que la glande prostatique est encapsulée. Le nombre d’antibiotiques capables de pénétrer la prostate est limité. Par conséquent, le traitement prend généralement plus de temps.
Si vous pensez que vos infections urinaires chroniques sont liées au sexe, n’hésitez pas à en parler avec votre partenaire et votre médecin.
Équilibre de la flore vaginale et infections urinaires chroniques
L’urètre et le vagin sont assez proches. Il n’est pas surprenant que la santé de l’un soit étroitement liée à la santé de l’autre.
Des recherches récentes ont démontré que le microbiome urinaire et le microbiome vaginal ont de nombreux micro-organismes en commun.
Une dysbiose dans le microbiome vaginal peut continuellement semer des agents pathogènes dans les voies urinaires et provoquer une infection. Une dysbiose correspond à des bactéries et des champignons qui ne sont pas censés être dans le vagin (ou du moins pas à certains niveaux), mais qui le sont.
Ce phénomène est d’autant plus répandu chez les femmes ménopausées. C’est parce que la flore vaginale est moins accueillante pour les bactéries saines qui devraient la peupler.
On suppose que ces infections sont généralement causées par Candida albicans (infection aux levures) ou Gardnerella (vaginose bactérienne). Cependant, les chercheurs ont découvert une plus grande variété de micro-organismes potentiellement à l’origine de l’infection.
Dans l’exercice de ses fonctions, Ruth a constaté que des patients étaient colonisés par voie vaginale par Enterococcus, E. coli et Klebsiella, pour n’en nommer que quelques-unes. Les résultats des tests confirment également souvent des agents pathogènes identiques dans les voies urinaires et le vagin.
En cas de vaginose bactérienne chronique, Ruth a pour habitude de prescrire des suppositoires ou des gels antibiotiques préparés en fonction des bactéries spécifiques trouvées. Cette approche ciblée est plus efficace que les antibiotiques à large spectre généralement utilisés.
Peut-on traiter une infection de la vessie qui résiste aux antibiotiques ?
C’est une question qui revient souvent : est-il possible de traiter une infection résistante aux antibiotiques ?
Tout d’abord, voici ce qu’il faut savoir :
- La résistance aux antibiotiques signifie qu’un agent pathogène spécifique est résistant à certains antibiotiques spécifiques. Cela ne veut pas dire que le corps est résistant à ces antibiotiques ou qu’on ne peut pas les prendre. (Les champignons peuvent également devenir résistants aux antifongiques).
- La résistance signifie qu’un agent pathogène peut être capable de se défendre contre un médicament spécifique. Cela ne veut pas nécessairement dire que le médicament ne peut pas éliminer l’agent pathogène avec suffisamment de temps.
- Un agent pathogène peut être résistant à certains médicaments, mais pas à d’autres. Donc, la résistance ne signifie pas toujours qu’il n’y a pas d’options possibles.
C’est, entre autres, en utilisant des instillations vésicales, comme mentionné ci-dessus, que Ruth a été en mesure de contrer les infections résistantes aux antibiotiques.
Comme les instillations ne sont pas inoculées par voie orale, il est possible d’utiliser une gamme d’antibiotiques qui sont en principe administrés par voie intraveineuse uniquement (directement dans les veines). Les instillations ciblent efficacement les micro-organismes dans la vessie qui n’avaient jamais été exposés à ces antibiotiques auparavant.
Cela pourrait signifier que les patients souffrant d’une cystite interstitielle ou d’une infection urinaire chronique qui n’ont pas pris d’antibiotiques depuis des années ont maintenant des options de traitement à leur disposition.
Traiter efficacement la cystite interstitielle
Ruth estime que son approche thérapeutique pour soigner la cystite interstitielle a un taux de réussite de plus de 80 %. Étant donné qu’une infection chronique de la vessie s’étend sur de longues périodes, pendant des décennies pour certaines personnes, le chemin vers la guérison est long.
« Je pense que celles et ceux qui n’abandonnent pas leur processus de guérison, malgré la rigueur que cela implique, et qui restent déterminés à retrouver une vie normale, auront les meilleurs résultats. Voici ce qui peut parfois arriver : je parviens à éradiquer les douleurs au niveau de la vessie d’une patiente, mais elle ne termine pas le processus de guérison. Ainsi, d’autres facteurs vont potentiellement anéantir les progrès obtenus. » |
Le sérieux que vous mettrez dans votre processus de guérison jouera un rôle dans la durée et la qualité de votre rétablissement.
De grands changements sont nécessaires pour certaines personnes. Faire des tests pour découvrir des facteurs inconnus peut faire peur. Cependant, vous ne commencez pas le processus et ne le terminez pas, vous ne guérirez probablement jamais.
Si le taux de réussite est aussi élevé, pourquoi est-il si difficile de trouver des témoignages de personnes guéries ?
« L’explication psychologique derrière ce fait est très intéressante. Je sais que quand ma vessie s’est rétablie, j’ai enfin guéri et je suis vite passée à autre chose. J’ai volontairement retrouvé ma vie et j’ai eu quelques années tout à fait normales à élever mes enfants. Je ne voulais pas revenir sur cette période horrible de ma vie. Une fois guéries, les personnes quittent les groupes et les forums sur les cystites interstitielles. Au lieu de cela, elles mènent une vie normale, saine et productive, travaillent à nouveau et ont des enfants. Il n’est pas étonnant qu’elles souhaitent laisser la cystite interstitielle derrière elles. Je leur souhaite le meilleur. » |
L’objectif de Ruth est de guider ses patients vers une guérison complète afin qu’ils retrouvent une vie normale. Ce qui se passe ensuite dépend du patient.
Les gens ont tendance à quitter les forums et les groupes Facebook une fois débarrassés de la cystite interstitielle. Alors ne laissez pas les conversations en ligne vous empêcher de chercher les réponses à vos propres questionnements.
Se préparer à un rendez-vous avec un praticien intégratif
L’approche intégrative tient compte de facteurs qui vont au-delà de votre vessie.
On peut vous poser des questions détaillées non seulement sur vos propres antécédents médicaux, mais aussi sur ceux de votre famille proche. Le but est de trouver des facteurs génétiques pouvant avoir un impact sur les capacités de guérison de votre corps. Pour vous aider dans ce processus, nous avons rassemblé quelques conseils ci-dessous.
- Renseignez-vous auprès de vos parents ou de vos proches sur vos antécédents familiaux. Ils englobent les crises cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux, l’hypertension artérielle et tout ce qui mérite d’être noté.
Dans de nombreux cas, une infection de la vessie n’est pas le seul problème qui doit être abordé pour rétablir votre système immunitaire. Les symptômes que vous pensez sans importance peuvent faire partie des éléments clé pour votre rétablissement.
- Surveillez vos symptômes ; maux de tête, problèmes cognitifs, problèmes de sommeil, problèmes intestinaux, douleurs articulaires, etc. Toute douleur est importante à noter.
Ruth a constaté que l’infection transmise par les tiques est un facteur chez environ 75 % de ses patients. Elle a également identifié un certain nombre d’autres éléments partagés par ses patients, tels que l’exposition aux toxines de la moisissure, les implants mammaires et d’autres facteurs génétiques. Discuter de quelles informations complémentaires serait utile avec votre médecin est une bonne idée.
Quels types de patients peuvent bénéficier de l’approche de Ruth ?
Ruth est spécialiste des cystites interstitielles et des problèmes chroniques des voies urinaires, mais voit également des patients atteints de la maladie de Lyme et d’autres maladies transmises par les tiques. Environ 90 % de ses patients sont des femmes, et un certain nombre de ses patients de sexe masculin sont les partenaires de ses patientes.
Dans la plupart des cas, ses patients masculins sont asymptomatiques même si leurs spermogrammes montrent une infection. Pour plus d’informations, voir la section ci-dessus sur le sexe et les infections urinaires chroniques.
Votre médecin peut-il collaborer avec Ruth ?
Ruth a des patients dans 48 États américains et 30 pays, et sa liste d’attente peut s’étendre sur plus de six mois.
Ruth est ravie de collaborer avec n’importe quel médecin ouvert à son approche. Si vous souhaitez continuer votre suivi avec votre médecin, vous pouvez tout à fait discuter de cette option avec elle ou lui.
Après des décennies de pratique, Ruth a commencé à travailler sur des ressources éducatives pour éveiller les praticiens aux subtilités de l’infection chronique de la vessie. Son objectif est d’aider les autres à trouver de meilleures façons de soigner leurs propres patients.
« Si un praticien prend conscience de la frustration de son patient et souhaite l’aider mais n’y parvient pas, je pense qu’il est sur le bon chemin. Ce praticien veut être utile à ce patient, mais prendre conscience de la quantité de travail nécessaire pour faire tous les tests nécessaires peut s’avérer déroutant. Mon plus grand souhait serait de ne pas voir mes secrets mourir avec moi. » |
Si vous êtes un praticien et que vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez nous contacter ou contacter Ruth directement sur son site Web.
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