Le D-Mannose contre les infections urinaires est entré dans notre Top 10 des remèdes maisons contre les infections urinaires les plus recherchés sur Internet, aux côtés d’autres remèdes maisons comme la vitamine C, les probiotiques et le Pau d’arco. Nous recevons beaucoup de questions sur le D-Mannose. Il est donc très répandu, mais fonctionne-t-il vraiment contre les infections urinaires récurrentes ?
Raccourcis
- Qu’est-ce que le D-Mannose ? >>>>
- Quelques explications scientifiques >>>>
- D’où vient le D-mannose ? >>>>
- Le D-Mannose contre les infections urinaires : Les inconvénients >>>>
- Ce que la recherche nous apprend sur le D-Mannose. >>>>
Le D-Mannose en bref
Certaines études suggèrent que le D-mannose serait efficace pour prévenir les infections urinaires dans certains cas. D’autres études montrent que le D-mannose réduit principalement l’intensité des symptômes.
Une autre étude a conclu que le D-mannose serait efficace pour traiter une infection urinaire aiguë.
Mais alors, que faut-il retenir de toutes ces informations ? En résumé, nous avons besoins de plus d’études pour savoir dans quels cas précis utiliser le D-Mannose, contre quels pathogènes il est utile in vivo (directement sur des patients, pas juste en laboratoire), et quelle est la bonne posologie.
En d’autres termes, il est important de savoir que le D-mannose est une substance qui ne nécessite pas d’autorisation ou de réglementation.
Mais le D-mannose a piqué notre curiosité. Nous avons donc rassemblé dans cet article toutes les informations que nous avons trouvé sur ce complément alimentaire. Et ce spécialement pour vous !
Qu’est-ce que le D-Mannose ?
Le D-Mannose est un sucre simple (monosaccharide), très semblable au glucose, présent dans de nombreux fruits, légumes et plantes. Il est aussi naturellement fabriqué par certaines cellules du corps humain.
Le D-mannose est rapidement absorbé et atteint les organes en moins de 30 minutes, puis est éliminé via les voies urinaires. Le corps humain ne peut pas métaboliser ni stocker le D-Mannose. Cependant, il est possible qu’une partie soit transformée par des bactéries présentes dans l’intestin.
Les effets du D-mannose sur le taux de glycémie dans le sang sont supposées être infimes. C’est pourquoi beaucoup affirment qu’il est totalement sans danger pour les personnes diabétiques. Cependant d’autres sources émettent plus de réserve, il est donc toujours préférable d’en parler avec votre médecin.
Que savons nous du D-Mannose contre les infections urinaires ?
« Nous manquons de connaissances sur le sujet » est la réponse rapide à cette question. Comme nous l’avons mentionné plus haut, il n’y a pas assez d’études sur l’efficacité du D-Mannose contre les infections urinaires.
Les études qui existent n’ont pas fait de test sur la posologie, et il existe peu d’études sur l’efficacité du D-Mannose pour les femmes souffrant d’infections urinaires récurrentes.
La plupart des études examinent le D-Mannose au contact d’un micro-organisme in vitro (dans un laboratoire) et non pas chez des femmes symptomatiques. Nous manquons donc d’informations sur les effets du D-Mannose in vivo.
L’étude la plus large et la mieux citée que nous ayons trouvée portait sur 308 femmes.
Elle a démontré que l’utilisation prophylactique (préventive) du D-Mannose réduit significativement le risque d’infections urinaires récurrentes, et que ce complément alimentaire s’avère aussi efficace que la nitrofurantoïne (un antibiotique).
Autres contextes d’utilisations du D-Mannose
Le D-Mannose peut aussi être utilisé pour contrer les effets du syndrome métabolique et soulager certains troubles intestinaux.
Le D-mannose est aussi donné aux nourrissons et enfants atteints du déficit congénital de glycosylation en phosphomannose isomérase, maladie héréditaire rare.
Les personnes atteints de cette maladie ne produisent pas assez d’une certaine protéine dans leur intestin. Mais la prise de D-Mannose en complément alimentaire peut contrer les symptômes de ce déficit. Dans ces cas-là, le D-Mannose aide le foie à fonctionner, fait baisser le taux de glycémie et permet d’éviter les maladies de la coagulation du sang.
Certaines études montrent que le D-mannose peut agir comme un prébiotique et peut donc aider à réguler le microbiome intestinal.
Un prébiotique est une substance alimentaire qui échappe à la digestion humaine mais offre une source de nourriture aux « bonnes » bactéries du système digestif.
Quelques explications scientifiques
Il a été suggéré in vitro que le D-mannose et les cellules uroépithéliales (les cellules de la paroi de la vessie) se disputent « l’attention » des pili bactériens, appendices semblables à des cheveux qui entourent une bactérie. L’illustration ci-dessous montre le pili d’ E. coli par rapport à la surface plus lisse de Lactobacillus.
Si les bactéries ne s’accrochent pas à la paroi de la vessie, elles ne peuvent pas la coloniser et provoquer une infection.
Mais allons un peu plus loin. Certains types de bactéries E. coli sont connus pour s’accrocher à la glycoprotéine mannosylée uroplakine, présente dans les cellules de la muqueuse vésicale. Si les molécules de D-mannose sont présentes dans la vessie, elle peuvent permettre à E. coli de se s’accrocher à elles.
Selon cette théorie, lorsque E. coli se lie aux molécules de D-mannose, les particules combinées sont évacuées de la vessie pendant la miction. Ainsi, les bactéries E. coli n’ont pas pu adhérer à la paroi de la vessie et provoquer une infection des voies urinaires.
Le D-mannose élimine les bactéries sans les détruire
In vitro (en dehors du corps), il a été démontré que E. coli se lie par intérêt aux molécules de D-mannose flottant librement. On pense que lorsqu’il est ingéré, le D-Mannose pourrait voyager jusqu’à la vessie. Si c’est exact, E. coli peut donc se lier au D-mannose flottant dans la vessie, au lieu s’adhérer aux molécules de la paroi de la vessie.
Si le processus que nous venons de décrire ci-dessus se produit dans la vessie, tous les E. coli qui se sont liés aux molécules de D-mannose seraient éliminés du corps par l’urine, avant qu’ils ne puissent coloniser la vessie.
Même si tout ceci parait prometteur, il est important de rappeler que cela a uniquement été testé en laboratoire. Il n’y a pas de preuve in vivo de ce processus.
D’où vient le D-mannose ?
Comme nous l’avons dit, le D-mannose vient principalement de plantes et de fruits. Fait intéressant, le D-mannose peut également être trouvé dans le marc de café usé, dans lequel il peut représenter jusqu’à 21 % de son poids sec.
Bien évidemment, nous ne pouvons pas manger du marc de café afin d’obtenir une dose satisfaisante de D-Mannose dans notre organisme. En effet, nous ne pouvons pas digérer correctement le marc de café pour en extraire le D-Mannose.
Cela impliquerait également l’ingestion d’autres produits chimiques mauvais pour la santé qui annuleraient l’effet protecteur du D-Mannose.
De plus, manger du marc de café conduit à une augmentation du taux decholestérol dans le sang de 26 points en moyenne après trois semaines. Ceci est du à la consommation du cafestol et du kahwéol présents dans le marc de café.
Si on mange assez de cranberries (canneberges), peut-on arriver à une dose suffisante de D-mannose ?
Les cranberries (canneberges) sont en effet une des sources de D-Mannose. Cependant, le D-mannose ne représente que 0,04 % du poids sec des cranberries. Comparé à d’autres sources de D-mannose, ce taux est plutôt bas, même par rapport au marc de café.
Nul besoin de préciser qu’il faudrait manger une immense quantité de cranberries pour atteindre une dose suffisante de D-Mannose. Ce n’est donc pas la meilleure façon d’avoir sa dose de D-Mannose.
Retrouvez notre série de vidéos d’experts pour en apprendre plus sur le D-Mannose contre les infections urinaires.
Comment le D-Mannose est-il obtenu ?
Il y a plusieurs manières de fabriquer le D-Mannose que vous trouvez en magasin.
Extraction chimique
Actuellement, la plupart des produits à base de D-mannose présents sur le marché viennent d’usines de traitement chimique qui extraient le D-mannose des plantes par isomérisation, hydrolyse ou réactions catalytiques.
Cela veut dire que d’autres substances chimiques (comme par exemple 1 % d’orthomolybdate d’ammonium ou de l’eau) sont ajoutés afin de changer le D-glucose, le D-sucrose ou le D-mannitol en D-mannose.
Le processus réorganise, ajoute et/ou transforment des groupes chimiques pour que la substance de base se change en D-Mannose.
Ce procédé est effectué dans des conditions parfaites de température et d’acidité pour garantir le meilleur rendement. Ensuite, le D-Mannose est purifié avant d’être conditionné et mis en vente.
En termes de pureté chimique, ces procédés ne sont pas parfaits. Comme le D-Mannose est utilisé en tant que supplément alimentaire et à des fins médicales, il ne devrait pas être contaminé par des produits chimiques.
C’est pourquoi les méthodes d’extraction chimique ou de production à base de produits chimiques ne sont pas la meilleure option. Il vaut mieux privilégier les méthodes de productions biologiques du D-Mannose.
Production biologique
La production biologique du D-Mannose nécessite l’utilisation de sucres déjà disponibles, comme le D-fructose ou le D-glucose, afin de les convertir de manière enzymatique en D-Mannose.
Une enzyme est un catalyseur biologique (elle permet d’accélérer une réaction chimique). Lors de la réaction, elle ne se décompose pas et n’est pas absorbé.
Les enzymes (telles que la D-mannose isomérase) utilisées pour convertir le D-fructose ou le D-glucose en D-mannose proviennent de divers organismes. Ironiquement, certaines de ces enzymes proviennent de bactéries telles que E. Coli !
Le D-Mannose contre les infections urinaires : les inconvénients
Comme nous l’avons mentionné précédemment, le D-mannose n’est pas une substance approuvée ni réglementée par l’administration américaine des denrées alimentaires et des médicaments. Cela signifie que le D-mannose peut être fabriqué dans différents pays, importé aux États-Unis et vendu sur Amazon ou dans des magasins de produits diététiques.
Nombreuses sont les marques qui ne divulguent pas la provenance du D-mannose dans leurs produits.
Le problème ici, c’est qu’il est très difficile pour le consommateur de savoir si tel produit à base de D-mannose est de bonne qualité et s’il contient d’autres produits chimiques qui ne figurent pas sur l’étiquette.
Si vous comptez acheter du D-mannose, assurez-vous qu’il provient d’une entreprise de confiance et qui a reçu de solides évaluations. Il vaut mieux privilégier les marques transparentes sur le lieu et le processus d’obtention du D-mannose, et qui ont un certificat d’analyse montrant les composants du produit.
Aucune étude n’a prouvé que le D-mannose était toxique pour l’homme. Cependant, on peut noter que le D-mannose est toxique pour les abeilles lorsqu’il est donné comme unique source de nourriture et qu’il peut rendre aveugle des souris génétiquement modifiées. On ne sait pas quelles pourraient en être les conséquences pour les humains (s’il y en a).
Quels sont les potentiels effets secondaires du D-Mannose ?
En règle générale, les enfants et les adultes tolèrent bien le D-Mannose. Cependant, aucune étude n’a encore confirmé que le D-Mannose peut être utilisé pendant la grossesse ou l’allaitement.
Les fabricants de D-Mannose indiquent que des ballonnements et des selles molles font partie des possibles effets secondaires.
En plus du manque de connaissances générales sur le D-Mannose en lui-même, on connait mal ses interactions avec d’autres médicaments ou compléments alimentaires. Si vous avez des inquiétudes, il est toujours mieux d’en parler avec votre médecin.
Le D-Mannose peut-il interagir avec d’autres remèdes maison ?
Il peut y avoir des interactions entre le complément alimentaire et d’autres remèdes maison, y compris ceux contre les infections urinaires.
La littérature scientifique sur le sujet n’est pas assez fournie pour pouvoir déterminer si ces interactions sont bénéfiques ou nocives. Mais on sait que des interactions sont possibles.
Par exemple, lors d’une étude sur l’efficacité des extraits de plantes associés au D-mannose pour prévenir la récurrence des infections urinaires, on a distribué trois combinaisons de substances différentes aux patients.
Les combinaisons de substances contenaient toutes du D-Mannose et des extraits de plantes divisés en trois groupes que voici :
A : Berbérine, arbutine et extrait de bouleau
B : Berbérine, arbutine, extrait de bouleau et forskoline
C : OPC (Proanthocyanidines)
A la fin du traitement, on a analysé la récurrence des cystites. Il a été déterminé que les patients des groupes A et B ont eu moins d’épisodes de cystites récurrentes pendant et après le traitement, comparé aux patients du groupe C.
De plus, la quantité moyenne de bactéries dans les échantillons d’urine des groupes A et B était nettement inférieure à celle relevée dans les échantillons du groupe C.
Ce que la recherche nous apprend sur le D-Mannose
Les études sur le D-Mannose (ressources uniquement disponibles en anglais) :
- D-mannose: a promising support for acute urinary tract infections in women. A pilot study.
- Intervening with urinary tract infections using anti-adhesives based on the crystal structure of the FimH-oligomannose-3 complex.
- D-mannose powder for prophylaxis of recurrent urinary tract infections in women: a randomized clinical trial.
- Oral D-mannose in recurrent urinary tract infections in women: a pilot study.
- D-mannose: Properties, Production, and Applications: An Overview.
- The use of chemotherapeutic agents as prophylaxis for recurrent urinary tract infection in healthy nonpregnant women: A network meta-analysis.
- In vitro efficacy of phytotherapeutics suggested for prevention and therapy of urinary tract infections.
Ce qui a été étudié/testé :
- Le fonctionnement du D-Mannose comme traitement contre les infections urinaires.
- L’efficacité du D-Mannose dans le traitement d’infections urinaires aiguës chez les femmes.
- L’efficacité du D-Mannose dans le traitement d’infections urinaires récurrentes.
Les résultats de ces études :
- Dans le contexte d’une infection urinaire aiguë, la prise de D-Mannose a permit une nette améliorations de la majorité des symptômes.
- Le D-Mannose semble prometteur en tant que traitement prophylactique (préventif) à long terme pour les infections urinaires récurrentes.
- Le D-mannose semble être capable d’empêcher E. coli de se lier à la muqueuse vésicale.
- Le D-Mannose semble être un traitement sûr.
- La fosfomycine est plus efficace, mais elle entraîne plus d’effets secondaires que le D-Mannose.
- Nous avons besoin d’autres études afin de confirmer les résultats de ces études.
Ce qu’il faut retenir :
- Les effets du D-Mannose ont uniquement été prouvé in vitro (en dehors d’un être vivant).
- Jusqu’ici, nous avons vu que le D-Mannose bloque les propriétés adhésives de E. coli, Klebsiella, Serratia, et Entérobacter. Mais il n’a pas d’effet sur la croissance des bactéries. Tout cela a uniquement été testé in vitro.
- Le traitement prophylactique pour les infections urinaires récurrentes s’avère être une mesure temporaire dans de nombreux cas. Les infections reviennent à la même fréquence dès l’arrêt du traitement.
- Aucune étude n’a testé l’utilisation du D-mannose contre les infections urinaires chroniques causées par des biofilms bactériens.
Résumé :
- Le D-Mannose serait un traitement efficace contre une infection urinaire aiguë causée par E. coli.
- Le D-Mannose semble soulager les symptômes des infections urinaires aiguës causées par les bactéries Gram-positives fimbriae de type 1.
- D’autres études sont nécessaire afin de déterminer une fois pour toute si le D-Mannose peut traiter les infections urinaires récurrentes, ou simplement en soulager les symptômes.
- Il faut également étudier l’efficacité du D-Mannose contre les infections de la vessie causées par un biofilm bactérien.
CONCLUSION : Le D-mannose est prometteur pour le traitement des infections urinaires aiguës causées par E. coli, mais d’autres études sont nécessaires pour vérifier son efficacité contre les infections urinaires récurrentes ou chroniques.
Quelle dose de D-Mannose prendre contre les infections urinaires ?
La plupart des études se basent sur les recommandations des fabricants en termes de dosage. On parle de 2 grammes de D-Mannose dilués dans 200 ml d’eau une à deux fois par jour selon l’intensité des symptômes.
Malheureusement, il n’existe aucune « dose recommandée » ou « dose appropriée » de D-Mannose.
De plus, aucune étude n’a encore déterminé si la prise de D-Mannose à long-terme peut avoir des effets négatifs.
Le D-Mannose contre les infections urinaires : Combien ça coûte ?
A la longue, les infections urinaires récurrentes finissent par coûter cher. Le prix d’un traitement prophylactique à base de D-mannose est estimé à 45 € par an. Cependant, selon des observations, les personnes atteintes d’infections urinaires récurrentes qui prennent du D-Mannose dépensent bien plus.
Voilà un autre point négatif sur un produit dont l’efficacité reste encore à prouver.
Cette estimation ne prend pas en compte le coût des antibiotiques, des visites chez le médecin, ni de tout autre remède alternatif potentiels.
Notre dernier mot (ou presque)
Beaucoup de personnes souffrant d’infections urinaires ne jurent que par le D-Mannose. Il est largement plébiscité sur des forums, ou dans des articles sur les remèdes naturels.
Pour déterminer l’efficacité du D-Mannose, il n’y a qu’une bonne méthode : des essais cliniques à grande échelle, randomisés en double aveugle et contrôlés contre placebo.
Ainsi, nous pourrons en savoir plus sur les supposées propriétés prophylactiques du D-mannose, son efficacité à traiter les infections urinaires aiguës, et simplement déterminer s’il est capable de soulager les symptômes d’un infection urinaire.
La plupart des informations que l’on trouve sur Internet concernant le D-Mannose contre les infections urinaires vient d’une seule et même étude réalisée en 2013. Les chercheurs à l’origine de cette étude ont eux-mêmes conclu que d’autres d’essais cliniques sur le D-mannose étaient nécessaires pour comprendre son efficacité.
Nous sommes donc encore bien loin du niveau de preuve suffisant pour pouvoir prendre des remèdes à base de plantes en toute sécurité. Mais nous espérons que cela va changer, car de plus en plus de personnes se tournent vers des remèdes maisons pour remplacer les antibiotiques.
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