Quelles sont les différences entre les infections urinaires chroniques et récurrentes ? Comment peut-on diagnostiquer et traiter ces infections ? Peut-on avoir des rapports sexuels lorsqu’on a une infection urinaire ? Qu’en est-il de la situation en France ? Les spécialistes des infections urinaires nous répondent.
Nous recevons beaucoup de questions sur ces thèmes, alors nous avons décidé de demander des éclairages aux Professeurs Malone-Lee et Haab. Ces spécialistes des infections urinaires nous ont répondu dans une interview vidéo et une interview écrite.
Important : ces informations reflètent les connaissances et l’avis de deux professionnels de santé. Live UTI Free les partage à titre informatif, mais il vous appartient de vous faire votre propre avis sur ces approches.
Raccourcis
- Interview du Professeur Malone-Lee >>>>
- Interview du Professeur Haab >>>>
- Diagnostic et traitement des infections urinaires récurrentes et chroniques >>>>
- Biofilms bactériens, infections urinaires et croyances dans le corps médical >>>>
- Rapports sexuels et infections urinaires >>>>
- Antibiotiques et effets secondaires >>>>
- Prendre rendez-vous avec le Professeur Haab >>>>
Le Professeur James Malone-Lee est un clinicien et chercheur britannique, qui explore ces questions tout en traitant des patient·e·s souffrant d’infections urinaires chroniques. Son travail permet à la science d’évoluer, mais, comme dans beaucoup de domaines, il reste encore beaucoup à apprendre et à découvrir.
Le Professeur François Haab, quant à lui, est un chirurgien urologue qui exerce à Paris. Il est spécialiste de l’urologie fonctionnelle, et s’intéresse grandement aux infections urinaires chroniques.
Interview vidéo du Professeur Malone-Lee
Vous trouverez dans cet article la première partie de la série de vidéos (en 5 parties) qui constitue l’interview du Professeur Malone-Lee. Il nous a partagé de nombreuses informations sur les infections urinaires chroniques, la fiabilité (ou non) des ECBU et bandelettes urinaires, les rapports sexuels, les antibiotiques, la fertilité… Rendez-vous sur notre chaîne YouTube pour avoir tous les détails de son approche. Attention, l’interview est en anglais, alors n’oubliez pas d’activer les sous-titres français pour suivre le Professeur Malone-Lee !
Les 4 autres parties de l’interview du Professeur Malone-Lee, spécialiste des infections urinaires chroniques et récurrentes, sont à retrouver sur notre chaîne Youtube.
Nous tenons à vous rappeler de faire vos propres recherches de votre côté, car un traitement ne peut pas fonctionner de la même manière sur toutes les personnes. De plus, le monde des infections urinaires récurrentes ou chroniques est encore très méconnu, même dans le corps médical.
Interview du Professeur Haab
Live UTI Free : Professeur Haab, pourriez-vous nous résumer votre parcours professionnel? Comment en êtes-vous venu à vous intéresser aux infections urinaires chroniques ?
Professeur F. Haab : Je suis chirurgien urologue depuis plus de 25 ans. J’ai rapidement décidé de me spécialiser dans la prise en charge des troubles urinaires. Cela correspond à l’incontinence, la descente d’organes, aux séquelles vaginales après accouchement mais aux aussi infections urinaires récidivantes.
Je me suis d’abord formé en France, puis aux Etats-Unis. C’est suite à cette sur-spécialisation en urologie que j’ai obtenu le titre de Professeur des Universités.
Diagnostic et traitement des infections urinaires récurrentes et chroniques
Comment abordez-vous le diagnostic et le traitement des infections urinaires récurrentes et chroniques ?
Pour les infections urinaires, le diagnostic repose sur un faisceau d’arguments obtenus lors des différentes étapes : interrogatoire, examen clinique, cystoscopie, bilan urodynamique et tests bactériologiques, ECBU. L’imagerie peut également se révéler utile pour le diagnostic.
Cependant, le bilan est bien plus simple lorsqu’il s’agit de cystites aiguës, les cystites chroniques sont quant à elles bien plus difficiles à détecter, même pour les spécialistes des infections urinaires.
En général, combien de temps faut-il à vos patient·e·s pour obtenir des améliorations ?
Ça dépend, car la situation est très différente en fonction de la nature de l’infection : cystite aiguë ou d’une cystite chronique. Les cystites aiguës sont très rapidement mises sous contrôle. Mais il faut savoir que le risque de développer à nouveau une infection urinaire est élevé.
En revanche, il faut beaucoup plus de temps pour soulager les patient·e·s qui ont développé des douleurs chroniques, car les mécanismes de la douleur sont alors devenus multiples : infection, inflammation, contractures…
Quel pourcentage de vos patient·e·s guérit, selon vous ?
En cas de cystite aiguë récidivante, nous arrivons à soulager près de 90 % des patient·e·s. En cas de douleur chronique, comme je vous le disais, c’est plus difficile. Je dirais que nous arrivons au moins dans 50 % des cas à procurer un vrai soulagement à la personne souffrant d’une infection urinaire chronique.
L’état d’esprit des patient·e·s joue-t-il un rôle important dans le processus de guérison ?
L’attitude des patient·e·s est bien sûr essentielle dans la réussite du traitement. Le succès repose sur la compréhension de ce qui se passe dans leur corps, l’adhésion au traitement et … parfois la patience, ainsi que l’acceptation de l’échec. Car malheureusement, nous ne trouvons pas toujours la solution au premier essai, c’est même rarement le cas. Dans le cas des cystites chroniques, on juge les améliorations sur le long terme, il faut donc s’armer de patience.
Quel type de test urinaire utilisez-vous ? Est-il possible de détecter les biofilms bactériens grâce aux tests que vous pratiquez ? C’est une question qui nous est souvent posée par nos lecteur·rice·s.
Les tests, comme je l’ai expliqué précédemment, sont multiples : fonctionnels, endoscopie, imagerie. Il est très difficile de détecter les biofilms avec certitude. Le plupart des tests actuellement sur le marché souffrent en général d’un manque de reconnaissance de la part des autorités et des professionnel·le·s de santé, car il existe peu de spécialistes des infections urinaires.
Êtes-vous disposé à travailler avec les résultats de tests issus du séquençage ADN ?
Il est vrai que certains laboratoires étrangers, notamment basés aux Etats-Unis, proposent d’identifier de potentiels pathogènes grâce à cette technique. Nous sommes ouverts à toutes les pistes, en sachant qu’il nous reste beaucoup de travail pour comprendre les infections urinaires chroniques. Alors, pourquoi pas ?
Nous constatons qu’il existe beaucoup d’interrogations sur le diagnostic de cystite interstitielle. Les patient·e·s (et de nombreux praticien·e·s) la considèrent comme une vraie maladie plutôt que comme un diagnostic d’exclusion. La plupart des patient·e·s pensent que c’est une maladie incurable.
Pensez-vous que les personnes qui ont reçu un diagnostic de cystite interstitielle devraient continuer à chercher un autre diagnostic, et/ou un autre traitement ? Votre approche peut-elle aider les patient·e·s atteint·e·s de cystite interstitielle ?
D’après moi, la cystite interstitielle est un diagnostic trop souvent posé par les professionnel·e·s de santé qui ne sont pas toujours spécialistes des infections urinaires.
Il y a énormément de femmes auxquelles on donne le diagnostic de cystite interstitielle. Dès qu’une femme a des douleurs à la vessie, on lui assène ce diagnostic. Je préfère donc que nous parlions, comme la nomenclature le recommande d’ailleurs, de syndrome cystalgique, dont les deux principales entités sont la cystite interstitielle et les cystites chroniques.
Biofilms bactériens, infections urinaires et croyances dans le corps médical
De nombreux·ses patient·e·s nous envoient des e-mails pour nous dire que leur médecin, je cite, « ne croit pas aux biofilms », qu’il·elle n’en a jamais entendu parler ou qu’il·elle a entendu parler des biofilms mais pense qu’il n’y a aucun moyen de les traiter. Les patient·e·s nous contactent pour nous demander des documents qu’ils peuvent partager avec leur médecin sur ces sujets.
Effectivement, cette pathologie est encore méconnue au sein du corps médical. Il est toujours très difficile de faire reconnaître la douleur invisible, quelle qu’elle soit.
Pouvez-vous expliquer pourquoi, selon vous, les biofilms peuvent être la cause d’infections urinaires récurrentes et/ou chroniques ? Pouvez-vous suggérer aux patient·e·s des études à partager avec leur médecin sur le lien entre infections urinaires chroniques et biofilms bactériens ?
Des études intéressantes ont été publiées concernant l’intestin.
Quant au lien de cause à effet entre biofilms et infections urinaires… Il semble que dans certains cas, l’infection déclenche une sorte de réaction immunoallergique dans la paroi de l’organe, ici, la vessie. Mais les germes sont-ils encore présents ? C’est la grande question que nous nous posons.
Votre protocole est-il applicable aux patient·e·s souffrant d’infections urinaires chroniques qui ont réalisé des tests ayant permis d’identifier un agent pathogène résistant aux antibiotiques ?
Bien sûr, nous pouvons également les accueillir.
Lien entre rapports sexuels et infections urinaires
De nombreux·ses patient·e·s décrivent des infections urinaires récurrentes liées à des rapports sexuels avec un·e partenaire spécifique, ou déclenchées à la suite de rapports sexuels.
Dans ces cas, quelle ligne de conduite recommandez-vous ? Suggérez-vous un test de dépistage pour le·a partenaire ? L’utilisation de préservatifs élimine-t-elle tout risque de transfert de germes responsables d’infections urinaires entre les partenaires ?
Les cystites post-coïtales peuvent être liées à des facteurs anatomiques locaux, avec notamment une hypertonie périnéale (tonus musculaire du périnée trop élevé) qui s’installe et favorise les infections.
En revanche, je ne fais que rarement des prélèvements chez le·a partenaire, sauf en cas d’infections à chlamydiae ou ureaplasma, qui sont des infections sexuellement transmissibles (IST).
Constatez-vous que pour certain·e·s patient·e·s, les symptômes de l’infection urinaire sont en fait causés par autre chose et, si oui, pouvez-vous donner des exemples ?
En effet, il faut se méfier des infections vaginales ou des infections des glandes périuréthrales qui peuvent donner des symptômes très proches de l’infection urinaire.
Constatez-vous que les patient·e·s atteints d’infections récurrentes présentent souvent des déséquilibres du microbiome vaginal et/ou des problèmes digestifs ? Existe-t-il d’autres comorbidités courantes ?
C’est certain. Ces déséquilibres des flores naturelles, vaginales ou digestives, concourent certainement à ces réactions d’hyperimmunisation.
Antibiotiques pour infections urinaires et effets secondaires, que faire ?
De nombreux messages que nous recevons proviennent de patient·e·s à qui l’on a prescrit de nombreux traitements antibiotiques de courte durée pendant plusieurs années, et qui ont le sentiment que leur santé s’est dégradée à la suite de la prise de ces médicaments. Pensez-vous que cela soit possible ?
Il est difficile de répondre de manière générale à cette question, car chaque situation, chaque patient·e est différent·e.
Certain·e·s patient·e·s déclarent avoir subi des effets secondaires liés aux antibiotiques dans le passé (très souvent, cela correspond à des problèmes digestifs et des mycoses récurrentes). Est-il encore possible pour eux d’utiliser votre protocole et, si oui, comment atténueriez-vous ces effets ?
Je suis convaincu que toute la subtilité, c’est d’utiliser les antibiotiques à faible dose pour avoir une concentration faible mais suffisante d’antibiotique dans les urines, mais pas assez forte pour avoir des effets secondaires ou un effet général « systémique ».
Avez-vous des recommandations en matière de régime alimentaire pour les personnes souffrant d’infections urinaires récidivantes ou chroniques ? Pourquoi peuvent-elles être importantes pour certain·e·s patient·e·s ?
Ce n’est pas vrai pour toutes les personnes qui souffrent d’infections urinaires, mais il est certain qu’il convient d’éviter tout ce qui va acidifier ou « saliniser » les urines. Ainsi, les alcools comme le vin blanc et le champagne sont très délétères en ce qui concerne les infections urinaires. Il faut bien boire (de l’eau !) à la fois pour éviter l’infection mais aussi pour « tamponner » les urines, c’est-à-dire les rendre plus douces.
Professeur Haab, pensez-vous qu’il est important pour les patient·e·s d’adopter une approche globale de l’infection urinaire chronique et de rechercher d’autres causes potentielles pour maximiser leurs chances de guérison ?
La réponse est dans votre question … Bien sûr !
Y a-t-il des dangers associés à l’utilisation d’antibiotiques à long terme ?
Aucun traitement de longue durée n’est anodin, il faut donc évaluer le rapport / bénéfice / risque, pour savoir si le traitement vaut le coup d’être mis en place.
Quel est le pronostic pour un·e patient·e qui s’est rétabli·e d’une infection urinaire chronique ?
Le pronostic est plutôt bon, toutefois ces patient·e·s conservent une sorte de cicatrice psychologique pendant toute leur vie.
La moindre infection qui suivra, aussi banale soit-elle, rappelle immédiatement de mauvais souvenirs. Il faut alors savoir ne pas surréagir et ne pas paniquer.
Pour les patient·e·s qui ne sont pas en mesure de poursuivre le protocole antibiotique ou dont les symptômes ne s’améliorent pas, existe-t-il d’autres options thérapeutiques ?
Oui bien sûr, il existe d’autres options, notamment la prise en charge de la douleur, des contractures ou encore des traitements endovésicaux.
Vos recherches confirment-elles l’idée communément admise selon laquelle au moins 75 % de toutes les infections urinaires sont causées par la bactérie E. coli ?
Oui. C’est effectivement le cas, du moins pour les infections urinaires contractées en ville : le germe E. coli est celui que l’on retrouve le plus fréquemment.
Pouvez-vous nous donner un aperçu des agents pathogènes que vous avez identifiés dans le cadre d’infections urinaires chroniques ?
On peut trouver, en outre de E. coli, des klebsielles très résistantes, des proteus, des staphylocoques saprophyticus, et de plus en plus d’enterococcus. On peut aussi parfois trouver des germes que l’on appelle atypiques, comme la chlamydia ou le mycoplasme.
Prendre un rendez-vous avec le Professeur Haab, spécialiste des infections urinaires
Acceptez-vous actuellement de nouveaux·elles patient·e·s ? Si oui, comment les patient·e·s peuvent-il·elle·s prendre rendez-vous ?
Oui, bien sûr, j’accepte de prendre des nouveaux·elle·s patient·e·s. Les rdv sont ouverts sur la plateforme Doctolib, où il·elle·s peuvent réserver un créneau.
Proposez-vous la téléconsultation pour les patient·e·s qui ne peuvent pas se déplacer ?
Oui, je fais des téléconsultations par le système Doctolib, mais à priori plutôt pour les patient·e·s déjà connu·e·s. Je préfère rencontrer les nouveaux·elle·s patient·e·s en présentiel.
Comment un·e nouveau·elle patient·e doit-il·elle se préparer à son premier rendez-vous ? Doivent-il·elle·s apporter des résultats antérieurs, etc., ou un suivi des symptômes lorsqu’il·elle·s viennent vous voir ?
Oui, il est essentiel d’apporter tous les examens effectués et les traitements déjà pris ou en cours, afin de continuer le diagnostic.
Pour en apprendre plus sur les infections urinaires chroniques et récurrentes, vous pouvez consulter nos articles sur le sujet.
Vous pouvez aussi nous contacter si vous souhaitez des informations personnalisées.
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Comments
Bonjour, j’aimerais recevoir ce protocole également si possible.
Cordialement
Bonjour Sylvain,
Le protocole de Melissa vous a été envoyé par mail.
Nous espérons qu’il vous sera utile.
Bon courage.
Bonjour, pouvez vous m’envoyer le protocole svp ? Merci beaucoup
Bonjour Camille,
Le protocole de Melissa vous a été envoyé par mail.
Nous espérons qu’il vous sera utile.
Bon courage.
Puis avoir le protocole merci , infection urinaires tous les mois
Bonjour Dessandier,
Nous vous avons envoyé le protocole de Melissa par mail.
Nous espérons que celui-ci vous aidera.
Bon courage.